Arles est une ville aux multiples visages dans laquelle il faut se laisser se guider par ses pas, s’y perdre pour mieux l’apprécier. Inscrite au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, Arles se découvre sans l’ombre d’un doute en marchant. Flâner dans ses ruelles, s’arrêter à une terrasse, s’attarder sur un quai pour voir passer le Rhône. On est aimanté par Arles. De Jules César à Frank Gehry, en passant par Vincent Van Gogh et Frédéric Mistral, Arles, c’est deux mille cinq cents ans d’histoire. Son amphithéâtre semble défier les âges et sa Fondation Luma, avec ses onze mille blocs d’inox martelés, interpelle le futur. Trait d’union unique entre passé et l’avenir, Arles possède ce je ne sais quoi, un supplément d’âme. Une identité unique, à la fois antique et romane, provençale et gitane, andalouse et piémontaise. C’est une ville ouverte au grand cœur, une terre d’accueil où Arlésiennes et Arlésiens de souche s’enrichissent de nouveaux venus dont de nombreux parisiens. Un guide ? Je vous conseille le City Guide Louis Vuitton, surtout si vous vous rendez à Arles pendant les Rencontres de la Photographie. C’est une pure merveille. Il y a tant à voir et à goûter à Arles ! J’aime déambuler dans les rayonnages d’Actes Sud, me régaler des dessins de Picasso au Musée Réattu, emboîter le pas de Vincent Van Gogh, rêvasser dans les Arènes, me promener au marché provençal du samedi, prendre un “jaune” (pastis) place Voltaire… Et plus encore !

 

Arles, capitale mondiale de la photographie
Les Rencontres de la Photographie sont un événement majeur, populaire et international. Festival annuel de la photographie, elles ont été fondées en 1970 par le photographe arlésien Lucien Clergue, l’écrivain Michel Tournier et l’historien Jean-Maurice Rouquette. La photo est alors considérée comme un art mineur. Cette année, les Rencontres d’Arles fêtent leur 50ème édition à travers une programmation exceptionnelle. De début juillet à la fin septembre, le public est invité à découvrir cinquante expositions pour ce jubilé. Des pionniers à l’avant-garde, les Rencontres racontent cette histoire. Autant de thèmes qui portent un regard sur notre monde et ses bouleversements majeurs. Pour aborder sereinement, les Rencontres et ses collaborations à l’échelle régionale grâce à l’extension le Grand Arles Express, téléchargez l’application Arles 2019 (App store), Les Rencontres de la Photographie. Du 1er juillet au 22 septembre 2019.

Les Rencontres d’Arles, mes 10 coups de cœur 

The Anonymous Project présente The House De la cuisine au salon, des chambres jusqu’au garage, on traverse des scènes quotidiennes, une visite immersive de souvenirs et moments de vies perdus dans le temps. Lorsque le réalisateur Lee Schulman a acheté par hasard un stock de diapositives amateurs des années 70, échappées d’albums de famille, essentiellement américaines, il est tombé sous le charme. Moi aussi !

❌ Pixy Liao (née à Shanghai en 1979, travaille et vit à New York) et son homme objet. En couple avec un Japonais plus jeune qu’elle, l’artiste le met en scène à ses côtés comme un simple élément décoratif. Une relation expérimentale est une réflexion politique sur l’intime et les codes établis.

Philippe Chancel (1959, France) Datazone, entre photo d’art et documentaire, une exploration de sites sensibles sur notre planète. Et le monde moderne qui n’a pas tenu ses promesses. Un grand récit !

Christian Lutz (né en 1973 à Genève, Suisse) Eldorado porte un regard sur l’univers des casinos, embarquement immédiat pour l’empire des jeux Macao.

La Movida Chronique d’une agitation Cette exposition réunit les œuvres de quatre photographes de la Movida, mouvement de la culture contemporaine espagnole qui s’est déployé au début des années 80 : Alberto Garcia-Alix (1956), Ouka Leele (1957), Miguel Trillo (1953) et Pablo Pérez-Minguez (1946-2012) mon préféré.

Evangelia Kranoti (né en 1979 à Athènes), Grèce Ports de fret, artères autoroutières, coulisses d’un carnaval, ruines de guerre… Evangelia Kranoti arpente les confins du monde et les destinées personnelles. Ma préférence à Exotica Exotica, etc où elle capture des images intimes et complices de marins au long en escale dans leurs relations amoureuses tarifées.

Helen Levitt (née en 1913 à New York, décédée en 2009). À partir des années 30, elle immortalise la culture des quartiers défavorisés tels que Spanish Harlem et Lower east Side.

Clergue & Weston Hommage à Lucien Clergue photographe mais aussi commissaire d’exposition et fondateur du festival avec cette exposition d’Edouard Weston telle qu’elle était présentée en 1970. Weston apparaît comme une figure tutélaire de Clergue.

Mohamed Barouissa (né en 1978 à Bilda, Algérie, vit et travaille à Paris)  Exposé dans un espace type loft abandonné au Monoprix Libre échange réunit quinze ans de photographies, vidéo, peinture… Jeunes de banlieue, leurs rituels, leurs marqueurs d’identité, scènes rejouées ou scènes volées… cette exposition prolixe et magistrale interroge notamment sur la circulation de l’argent.

VR Arles Festival Quand Arles vous a épuisé, en particulier si vous y allez en été, se ressourcer au VR qui se tient au Couvent Saint-Césaire est un moment de pur bonheur. Ici la parole est donnée aux meilleurs artistes du virtuel. Imaginer, raconter ou au-delà du réel… les expériences sont multiples.

Filer aux Saintes Marie de la Mer
À 40 minutes d’Arles en voiture, les Saintes Marie de la Mer. C’est ici que le Rhône embrasse la Méditerranée. Les paysages sont à couper le souffle : rizières, roubines, étangs avec flamants roses, chevaux, taureaux… Arles est aux portes de la Camargue, patrie des gitans. En mai, Roms, Manouches, Tsiganes et Gitans arrivent des quatre coins d’Europe et même d’autres continents pour vénérer leur Sainte, Sara la Noire. Ils s’installent dans les rues, sur les places, au bord de la mer. Pendant huit à dix jours, ils sont ici chez eux. Au soir du 25 mai, la fête est terminée. Déjà les caravanes s’éloignent sur les chemins. En été, céder à l’envie de se baigner à la Plage du Grand Radeau qui est une plage protégée et sauvage, au sable blanc immaculé.

La procession de Sainte Sara est devancée par le Christ sur sa croix jusqu’en bord de mer. Les Gardians, bouviers camarguais sur leurs chevaux blancs escortent la procession ©Jeanette Gregori

Le carnet d’adresse Chic & Furious
Dormir
L’offre est large. Il y a le mythique Hôtel Nord-Pinus comme le récent Hôtel Arlatan installé dans hôtel particulier de Beaumont. Nouvellement ouvert, la Maison Volver tenu par deux femmes est une adresse charmante. Une maison d’architecte ? Descendez à la Villa Benkemoun situé à 5 km d’Arles comporte cinq chambres. Si votre budget est limité, optez pour un Airbnb.
À table
La spécialité d’Arles est la viande de taureau au goût affirmé et qui se cuisine sous toutes ses formes, du burger à la fameuse daube des gardians en passant par le saucisson. Deux étoilés : La Chassagnette d’Armand Arnal et L’Atelier de Jean-Luc Rabanel. Bistrot de charme et institution : Le Galoubet. Les bistrots et autres “cantines” de quartier sont pléthores. Vous êtes vegan, qu’à cela ne tienne La Cantine Végétale située à deux pas de la Fondation Van Gogh, 100% bio, est la pose déjeuner idéale. 
Gourmandise Le millefeuille de Masaki Yamamoto, Pâtisserie Leblanc.