Mais à quoi carbure, Kamala Harris, la charismatique vice-présidente des États-Unis ? Femme de pouvoir issue de la diversité et atout indéniable de la campagne de Joe Biden. Présentée comme l’Obama féminin, Harris est sans aucun doute brillante, très brillante. Travailleuse, pugnace et humaine. D’aucuns la pressente dores et déjà comme la  future présidente des États-Unis d’Amérique en 2024.

Kamala Harris, 56 ans, née à Oakland (Californie), sera la première femme afro-américaine et indo-américaine à accéder à la vice-présidence des États-Unis le 20 janvier 2021. Et dans l’hypothèse où Joe Biden ( 77 ans) serait dans l’incapacité de présider, elle pourrait même être intronisée, avant le terme.

Cette femme enthousiaste au sourire solaire qui danse avec ses fans, a su nous séduire. Et sa victoire, dans un monde où il est encore l’exception, celle de briser le plafond de verre, est un formidable signal pour nous, les femmes. Tailleur pantalon blanc, telle une suffragette version 2.0, Kamala ne semble pas impressionnée par ses nombreux détracteurs.

Kamala Harris est définitivement celle dont le parti démocrate avait cruellement besoin. Ses convictions font sans conteste écho aux demandes des femmes américaines, toutes origines confondues, qui s’estiment pour la plupart malmenées par Donald Trump. Et celles des minorités qui veulent se libérer du joug du mâle blanc dominant, celui-là même qui a tant été brossé dans le sens du poil par Donald Trump. Mais pas que.

Elle est le symbole d’une société américaine issue de l’immigration qui a accès à des postes à hautes responsabilités et à haut niveau de rémunération. Elle incarne une idée du rêve américain. Elle est l’emblème du multiculturalisme américain.

Lors de sa première prise de parole samedi 7 novembre dernier en sa qualité de future vice-présidente des États-Unis, elle a rendu un hommage appuyé et poignant à sa mère originaire du Tamul Nadu en Inde, oncologue et décédée en 2009 du cancer. Elle a rappelé qu’“elle était issue de générations de femmes noires, asiatiques, blanches, hispaniques, amérindiennes qui ont tracé le chemin”.

Son diplôme en poche, Kamala Harris intègre le barreau de Californie en 1990 et se met au service de l’État et devient procureure du Comté d’Alameda. En 1994, elle s’attaque au social, cumule son poste de procureure avec des charges essentielles à la Cour d’Appel de l’assurance chômage et à la commission de l’assurance médicale. Et ce, sous la présidence d’un certain Willie Brown, futur maire de San-Francisco, de 30 ans son aîné, avec qui elle entretiendra une relation extra-professionnelle qui lui vaudra beaucoup de critiques et de railleries. Selon les réseaux officiels, Willie Brown rompt avec elle lorsqu’il accède à la charge de Maire de San Francisco. En 2019, il reviendra sur leur relation en affirmant “qu’il a pu aider sa carrière à travers ses nominations”. Quel manque de tact Monsieur Brown !

En 2003, Kamala devient première femme de couleur procureure de Californie et la première femme à occuper cette fonction à San Francisco. Elle est farouchement opposée à la peine de mort. En 2010, elle devient procureure générale de Californie et est réélue en 2014 pour un second mandat puis en2016, elle accède au poste de sénatrice de la Californie. Lors de ses mandats, elle s’investit notamment dans la lutte contre les stupéfiants avec le programme “Back on Track” (remise sur les rails) pour réduire la récidive des primo-délinquants condamnés pour des infractions non assorties de violences. Courageuse, elle l’est en faisant le choix de ne pas s’associer à l’effort de plusieurs états de faire retirer la marijuana de la liste fédérale des substances les plus dangereuses tenue par la fameuse DEA ( Drug Enforcement Administration), si présente dans les séries américaines de fin de partie de soirée.

Kamala Harris a à son actif les premiers programmes de formation des personnels judiciaires aux biais inconscients (Implicit Bias Training), soutenus par l’état de Californie. Il s’agit de programmes de formation conçus pour exposer les forces de police à leurs préjugés implicites, fournir des outils pour ajuster les schémas de pensée automatique et, en fin de compte, éliminer les comportements discriminatoires. Éliminer les stéréotypes, les automatismes profondément ancrés et capables d’influencer le comportement, c’est lutter contre le racisme si je ne m’abuse.

Sur un plan personnel, elle est mariée depuis 2014 à l’avocat Douglas Emhoff qui a deux enfants d’un premier mariage. Elle, n’en pas, s’indigne l’Amérique bien-pensante, pour laquelle une femme sans enfants est inconcevable. Douglas Emhoff est un juif de Brooklyn qui, de part son lien marital avec Kamala deviendra, à partir du 20 janvier 2021, le “Deuxième-Gentilhomme” des États-Unis. Kamala est Baptiste et progressiste. Son mantra, c’est le social. Sa réputation : rigoureuse, courageuse et parfois opportuniste et dure ! Elle aime le pouvoir et elle a su le prendre !

“Je suis la première vice-présidente, mais pas la dernière” Kamala Harris, première femme à accéder au poste de vice-présidente des US

Tout la prédispose donc à son poste de vice-présidente où elle sera, à n’en pas douter, faire infléchir les comportements machistes et racistes de certains mâles blancs dominants et faire de l’urgence climatique, qui figurait dans son programme pour la candidature au Sénat, un combat d’actualité. Dossier en haut de la pile, le mouvement #blacklivesmatter avec pour corollaire lutter contre les abus policiers à l’encontre des minorités.

Sans oublier l’harmonisation du pays, à ce jour divisé en deux clans “ dits” irréconciliables. Peut-être que l’amour de la patrie et du drapeau, si chère aux américains dans leur ensemble, va faire son œuvre. Elle aura bien besoin du soutien de ses compères démocrates et surtout de l’aile gauche de son propre clan, celle de Bernie Sanders, qui la surnomme “la flic” et lui reproche d’avoir été adepte, lors de ses mandats de Procureure, d’une politique du tout répressif notamment à l’encontre des minorités.Elle aura également besoin de son enthousiasme et du #hope si cher à Barack Obama.

De France, on espérera et, à n’en pas douter, on la suivra.

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