Attendu ? Non, très attendu ! Le Joker de Todd Philipps avec un Joaquin Phoenix magistral dans le rôle-titre. Premier film consacré à l’ennemi juré de Batman, couronné du Lion d’Or à la Mostra de Venise, 93,5 millions de dollars pour son premier week-end dans les salles obscures nord-américaines, Joker est au cœur d’une polémique.

Polémique US

Si le succès est incontestable côté box-office, il l’est moins parmi les critiques et commentateurs anglo-saxons. Ce film, qui raconte les origines du fameux méchant de l’univers DC Comics, est un portrait “sympathique” d’un assassin de masse. Classé R* est-il susceptible d’inciter et d’encourager la violence ? La question posée à Joaquin Phoenix par un journaliste du Telegraph a sidéré la star qui a quitté l’interview pendant une heure… Quant à la Warner Bros, studio derrière le film, s’en défend : “Ne vous y trompez pas : Ni le personnage de fiction Joker ni le film ne cautionne la violence du monde réel, quelle qu’elle soit. Ce n’est pas l’intention du film, des cinéastes ou du studio de faire de ce personnage un héros.”

*(R-Restricted, les enfants de moins de 17 ans doivent être accompagnés d’un adulte)

Todd Philipps

Plus connu pour ses succès comiques (et quelques ratés) comme la trilogie “Hangover”, “Road Trip”, “Old School” et le remake 2004 de “Starsky & Hutch”, Phillips a longtemps fait la part belle aux rires et à la bonne humeur. Dans une interview donnée au  Vanity Fair, le cinéaste a expliqué qu’il s’était tourné vers le Joker parce que la “culture du réveil” a ruiné sa capacité à être drôle. 

“La réalisation de films sera toujours un art compliqué”

Il est vrai que la tuerie en 2012 dans le cinéma d’Aurora (Collorado) a profondément marqué les esprits, et ce à juste titre. L’éventualité que des individus perturbés puisent dans la fiction des raisons de perpétrer des actes violents ne devrait pas empêcher les cinéastes d’aborder des sujets difficiles. Le problème avec Joker, c’est que l’on est dans l’univers de superhéros et que, dans ce contexte, cette histoire ne devienne inspirante.

Phillips, à l’instar de Phoenix, s’en remet au bon sens des spectateurs. Dans une interview donnée à IndieWire “Le film aborde les sujets du manque d’amour, des traumas de l’enfance et l’indifférence du monde à la souffrance. Je pense que les gens peuvent entendre ce message. … À mes yeux, l’art peut être compliqué et il l’est souvent. Si vous voulez un art simple, vous pouvez choisir de faire de la calligraphie, mais la réalisation de films sera toujours un art compliqué.

Carton rouge

Gary Glitter ex-pop star condamnée à seize de prison pour pédophilie pourrait toucher des royalties pour son tube “Rock and Roll Part 2” de 1972 joué dans une scène tandis que le Joker danse devant son appartement de Gotham City. Force est de constater qu’un climat pour le moins anxiogène s’est ainsi installé autour de ce film. 

©WarnerBros