À travers ses images, Mario Testino a exprimé “son” Italie au fil des ans. L’Italie et son peuple, l’Italie et la mode, l’Italie et ses amitiés, ses panoramas à couper le souffle, le cinéma, les monuments et la mer. Une chronique de quarante ans de photos personnelles, toutes prises en argentique. Un journal personnel, presque intime. De Rome à Naples, de Florence à Capri… qu’importe ! Testino aime la mer, les fêtes et le sexe. “Mais j’aime aussi la tradition, l’élégance et les valeurs familiales. Donc, ma photographie est un mélange de couleurs, de vie et de tradition. Ce que j’aime vraiment dans mes photos, c’est qu’elles sont ouvertes et qu’elles ont une énergie sans limite” intimer Mario. Oui, Testino aime la vie et les gens. L’Italie. Voilà tout le propos de Ciao. Un témoignage d’autant plus fort après le traumatisme de la Covid-19 pour lequel l’Italie a payé un lourd tribut.

ADN Italien

Né à Lima, Pérou,  sous le signe du Scorpion, Mario Testino est de “souche” italienne, de Ligurie. Testino était l’un des six enfants d’une famille de classe moyenne. Son grand-père, Michele, s’est installé au Pérou à l’âge de 18 ans, après avoir passé son enfance en Argentine où sa famille avait émigré pour la première fois en 1885. Au-delà des nationalités, l’ADN, la culture, le style, la cuisine, la façon particulière de voir les choses… l’Italie vous rattrape toujours. En 1976, bien que le jeune Testino ait tout juste commencé à apprendre l’italien à l’Instituto Italiano de Lima, c’est à Londres qu’il part étudier. “Mes dernières performances à l’université n’avaient pas incité mon père à me permettre d’y aller immédiatement” confie Mario qui commençait une vie à Londres. “La découverte de l’Italie a été une expérience puissante qui a complètement capté mon imaginaire” continue le photographe. Rome, Florence… 

À cette époque, Testino qui a postulé dans une université de Londres pour étudier la communication, se voit proposer une place, mais pour l’année suivante. Il s’inscrit à un cours de photographie que suivait un de ses amis, “juste pour que mes parents soient satisfaits de savoir que je faisais quelque chose d’utile en vivant à l’étranger”. L’obsession pour le vêtement et l’allure sont un sujet. Rome s’affirme alors comme l’endroit parfait pour que “cet instinct émerge et se transforme en passion, car c’est l’une des villes visuelles les plus stimulantes du monde”.

Franca Sozzani : une rencontre qui a changé sa vie

Ce n’est pas à Milan que Testino rencontre Franca Sozzani rédactrice en chef du Vogue italien, mais ironiquement à New York. Certainement la rencontre qui a changé sa vie. “Après avoir vu mon portfolio, elle m’a immédiatement demandé de commencer à travailler pour ses magazines” (Condenast). Morte du cancer en décembre 2016, Franca fait découvrir à Testino l’idée que la photographie est autant une question d’art que d’affaires. Idem pour le monde de la mode. Lui succèderont Anna Wintour (rédactrice en chef Vogue US) et surtout Carine Roitfield (rédactrice en chef de Vogue  France). “Carine m’a appris à ne pas avoir peur de ce que je suis, et c’est très important. Elle m’a appris à mettre mon propre style dans mes photos” souligne Mario. Les années 90 ? Ne pas oublier le merveilleux Gianni Versace et son univers, Tom Ford pour Gucci…

Coup de foudre

Naples… sa toute première fois pour photographier l’artiste Philip-Lorca diCorcia. “J’ai eu le coup de foudre. C’est à Naples que j’ai eu la première exposition de mes photographies dans la galerie de Raucci/Santamaria. J’y ai photographié le calendrier Pirelli 2001 et j’ai fait plus d’éditoriaux que je ne peux en compter. J’ai découvert la joie de la côte Almalfitaine, de la mer en allant à Capri, puis en naviguant le long de ses côtes jusqu’en Sicile. Les îles Aeolean sont devenues une destination magnétique chaque année au mois d’août” se souvient non sans émotion Testino. Puis il y eut Venise et sa Biennale. Lentement mais sûrement, “l’Italie a pris possession d’une grande partie de ma vie et de mon cœur.”

Goethe, Rossellini, Fellini… Italie

Et comme le souligne Alain Elkann, journaliste et le co-auteur de Ciao : “Il est fascinant de voir combien d’artistes, d’écrivains et de cinéastes ont été fascinés par l’Italie. Certains ont exprimé “leur” Italie en écrivant des pages mémorables, comme Goethe, le président De Brosses, Stendhal, Paul Morand, Henry James, John Ruskin et Marcel Proust. D’autres – dont Turner, Claude Lorrain, Nicolas Poussin, De Chirico et Mantegna – ont ressenti le besoin de la peindre. Il y a une Italie racontée par le cinéma néoréaliste de De Sica et Rossellini, et une autre Italie dans les films de Fellini et Antonioni…”. Et celle de Testino.

Mario Testino, Ciao Éditions Taschen 25,8 x 36 cm, 254 pages, € 60.