Dans Serendipity, film documentaire produit par Angelina Jolie qui sort en exclusivité chez mk2 (23 octobre en France), l’artiste plasticienne Prune Nourry retourne la caméra sur elle. En 2016, la jeune femme de 31 ans apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Elle établit dans cette autobiographie filmée une connexion entre ses travaux d’artiste et son mal

Sculpture de Prune Nourry piquée de bâtons d’encens à vocation réparatrice. Image extraite de Serendipity. Art House

“ Me dire “action” à moi-même en prenant la caméra en main m’a permis d’être dans une forme de pro-action, d’éviter la dépendance. Non pas en contrôlant la maladie, mais en me l’appropriant.

Née en 1985, Prune Nourry est une artiste plasticienne qui crée des œuvres impertinentes sur la recherche génétique, la sélection du genre, le corps féminin. En 2009, ses Dîners Procréatifs sont des performances associant art, gastronomie et science. Prune Nourry s’associe à un chef et à un scientifique pour concevoir un repas qui suit les différentes étapes de la procréation assistée, faisant de la fécondation in vitro un cocktail, le choix du sexe de l’enfant un plat principal, invitant ainsi les participants à réfléchir au concept de “l’enfant à la carte”. En 2011, à New York où elle vit, un food truck est détourné en Spermbar sur la 5ème avenue, face à Central Park… En 2016, son imagination débordante est mise à l’épreuve. La jeune femme de 31 ans apprend qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Sujet qu’elle connaissait un peu car ses recherches artistiques l’avaient menée sur les femmes qui décident de congeler leurs ovocytes. La chimiothérapie lui faisant courir le risque de la stérilité. Prune Nourry s’est retrouvée dans la situation troublante de faire ce même choix. “Je ne savais pas que j’aurai plus tard de la chimio, et que je devrais congeler mes œufs moi aussi” confie la jeune femme. Dans Serendipity, elle filme son combat contre le cancer du sein en entremêlant archives de ses projets d’inspiration anthropologique et séquences intimes de sa chimiothérapie. “ Me dire “action” à moi-même en prenant la caméra en main m’a permis d’être dans une forme de pro-action, d’éviter la dépendance. Non pas en contrôlant la maladie, mais en me l’appropriant. L’une des idées importantes du film, c’est aussi que la médecine a tendance à nous penser comme des morceaux de corps, alors qu’en réalité nous sommes aussi un corps lié à une âme, à une histoire. Cet ensemble, proche de la médecine holistique, orientale, me parle plus” poursuit-elle. Le film porte en tout cas l’idée d’un combat contre la maladie, mené sans agressivité, avec une part de lâcher-prise, difficile mais nécessaire. Un film qu’elle dédie à toutes les warriors menant ce combat contre la maladie.

Prune Nourry prend sa place dans le film, telle une performeuse chroniquant sa vie quotidienne – elle filme sa perte de cheveux lors d’une scène assez drôle avec la cinéaste Agnès Varda.