Lundi 17 février, notre très cher Jeff Bezos, CEO d’Amazon et plus grande fortune de la planète selon le classement Forbes, a annoncé sur son compte Instagram qu’il lançait le “Bezos Earth Fund” (Fonds Bezos pour la Terre) afin de contribuer à la lutte contre le changement climatique. Fonds qu’il doterait personnellement à hauteur de 10 milliards de dollars “pour commencer”.
“La terre est la seule que nous ayons en commun. Protégeons-la, ensemble”
Ne faisons pas la fine bouche s’il-vous-plait !
Le milliardaire, dont la fortune est estimée à 130 milliards de dollars, controversé pour sa politique commerciale agressive dénoncée pour son impact sur l’environnement, qui aime à se soustraire, par des montages fiscaux légaux avisés, au paiement de l’impôt, se lance, selon ses dires, dans la dépollution de la terre. Il promet d’engager 10 milliards de US dollars, soit 7,7% de sa fortune personnelle, pour “commencer”. Et devrait s’acquitter dès cet été des premières subventions à l’attention des chercheurs, des ONG et des militants.
S’acheter une conduite ?
Sans remettre en doute sa sincérité, il n’en demeure pas moins que cet engagement en faveur de la planète tombe à pic pour Jeff Bezos qui, le 26 janvier dernier, devait faire face à la diffusion d’un communiqué signé par le groupe Amazon Employees for Climate Justice (AECJ) constitué de 300 employés courageux d’Amazon faisant état de la position environnementale catastrophique de cette dernière. “Courageux” car ces 300 salariés ont entrepris d’outrepasser leur devoir de réserve professionnel à leurs risques et périls. Dénoncée pour son empreinte carbone abyssale équivalente, en 2018, à 600’000 camions citernes d’essence, Amazon avait certainement besoin de s’acheter une conduite.
Sincère ou pas ?
Si Jeff Bezos affirme haut et fort que “nous pouvons sauver la terre“, plaidant pour “une action collective et responsable des individus, des petites et grandes entreprises, des organisations mondiales et des États”, il est désormais dans le collimateur des associations d’action environnementale qui, à tort ou à raison, le soupçonnent d’hypocrisie. Et de “greenwashing” (éco-blanchiment).
Souvenez-vous…
Lors du Black Friday, Amazon a fait l’objet d’actions ciblées visant à dénoncer, dans le monde entier, la surconsommation et son impact catastrophique sur le climat. Lors des incendies en Australie, Bezos s’était vu raillé par son don de 690’000 dollars jugé insuffisant car correspondant grosso modo à ce que ce dernier “gagne en cinq minutes”.
Empreinte carbone zéro
En septembre dernier, Bezos s’était engagé à réduire ses émissions de CO2 à zéro à l’horizon de 2040 prenant, selon ses propres dires, 10 ans d’avance sur les engagements climatiques de L’Accord de Paris. Cela parait quelque peu présomptueux lorsque l’on sait que :
- Amazon a bâti son empire grâce à un empirique réseau de transport routier, principal émetteur de gaz à effet de serre.
- Selon la plateforme en ligne Climate Watch, les 44,4 millions de tonnes d’équivalent CO2 produites chaque année par Amazon représentent un peu plus de 10% des émissions annuelles totales de la France
Mais, pourquoi pas ? On ne demande qu’à y croire nous !
Il est vrai qu’une fois de plus, Amazon et son charismatique fondateur Jeff Bezos ont fait un beau coup marketing. À eux de démontrer désormais que le Marketing, peut aussi et surtout être utile, à la planète et à ses habitants !
On a envie de lui dire “CHICHE”
Chiche pour une Planète qui ne soit pas qu’une photo venant illustrer un discours sur un compte Instagram. Pour laisser aux générations futures une Planète belle de l’intérieur et de l’extérieur. Et pour lutter efficacement et sans délai, “right here, right now” comme dirait Greta Thunberg, contre le réchauffement climatique.
Alors, Jeff, à toi de jouer ! Yes you can ! Just do it !
Crédit photo : ©Andrew Harrer/Bloomberg via Getty Images
