Le lundi matin, j’ai l’habitude de debrieffer le week-end avec mon amie et associée Isabelle. Évidemment pour elle, c’est facile (que je me dis à moi même !). Elle vit dans le sud. Elle voit le ciel bleu et le soleil tous les matins ou presque ! Elle habite à côté d’une forêt de mimosas. Ce sont ses gilets jaunes à elle. Quand elle va en ville, elle va “downtown” selon ses propres dires et a du mal à se mettre raccord avec la civilisation sauf à retomber dans nos excès passés du consumérisme futile et outrancier. Mais ce matin, mon amie Isabelle avait une drôle de voix. On venait de lui apprendre qu’un proche s’était foutu en l’air en moto. Que même s’il s’en sortait, cela ne serait plus jamais pareil. Qu’il avait au moins perdu une jambe et que… Bon, on s’arrête là ! Et moi, toujours enfermée dans mon appartement parisien, j’ai fermé ma bouche. Pour une fois, je me suis tue ! Plus de complaintes sur les parents “trop” âgés ou les jeunes “trop” encombrants, sur les affaires “trop” difficiles ou les informations “trop” nauséabondes. Pour une fois, je l’ai fermé ma bouche et j’ai remercié Dieu ou La Nature ou les deux de m’avoir accordé la santé, une vie facile et agréable, la possibilité d’aller et venir, de parler et de rire, Oh oui, je l’ai fermé ma bouche et j’ai prié pour les déshérités de la vie, les malchanceux du macadam, les oubliés du bonheur. J’ai prié pour tous ceux qui, à partir d’aujourd’hui, ne verront plus jamais du même œil le ciel, le soleil ou les mimosas . Alors remercions avec intensité le ciel, le soleil, la mer, les arbres et rappelons nous sans fin la doctrine des Épicuriens et de notre cher Rabelais :
“Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain.
Cueillez dès aujourd’hui
Les roses de la vie”

Et si on disait MERCI tous les matins de notre vie ?