Récemment, j’étais à Florence où, après Londres et Paris, j’ai pu apprécier 5 chefs-d’œuvre de Caravage au Musée Florentin des Offices. Peu d’œuvres du Maitre et une queue gigantesque. Pour les néophytes, sachez que son œuvre puissante et novatrice révolutionna la peinture du XVIIe siècle par son caractère naturaliste, son réalisme parfois brutal et l’emploi appuyé de la technique du clair-obscur allant jusqu’au ténébrisme. Il connut la célébrité de son vivant et il influença nombre de grands peintres après lui, comme en témoigne l’apparition du caravagisme.

Mais revenons au présent.

Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que, dans le Sud-Ouest de la France, un Caravage était resté 150 ans abandonné dans un grenier. Après nettoyage, rénovation quelque peu délicate, vérification, expertise, contre-expertise et radiographie, cette “croute vieille et abîmée par les stigmates du temps et des intempéries quoique restée en bon état” a été, après de nombreuses querelles d’experts, finalement attribuée au Maître Caravage et ce, notamment par l’expert parisien Éric Turquin.

Quelle aubaine pour le propriétaire !

Ce tableau représentant Judith décapitant Holopherne a donc été exposé dans la maison de vente aux enchères du commissaire-priseur Marc Labarbe, à Toulouse, le 15 juin 2019. La vente aux enchères devait avoir lieu jeudi 27 juin à La Halle aux Grains de Toulouse. Surprenant qu’une toile de cette qualité ne soit pas exposée ni donnée à la vente dans une maison d’enchères internationale comme Christie’s ou Sotheby’s…

Oui, mais voilà ! Rebondissement ultime. Le tableau vient, par communiqué de presse, d’être retiré de la vente aux enchères car il a fait l’objet d’une cession de gré à gré à un mystérieux acquéreur resté anonyme. 

Éric Turquin a alors déclaré : “Nous avons reçu une offre qu’il était impossible de ne pas transmettre aux propriétaires du tableau. Le fait que cette offre provienne d’un collectionneur proche d’un grand musée a convaincu les vendeurs de l’accepter. L’identité dudit collectionneur, comme le montant de la transaction, pas plus que le nom du “grand musée” évoqué, n’ont été divulgués. On sait juste qu’il s’agit d’un étranger, tout comme le musée. Le Louvre dit n’être pas concerné, ni même au courant. Celui de Paris, en tout cas.

Celui d’Abou Dhabi… qui sait ?

D’après nos investigations, son prix ne devrait pas être de beaucoup inférieur à 150 millions d’euros puisqu’il avait été évalué, pour la vente aux enchères, entre 100 et 150 millions d’euros.

Cette œuvre qui sera donc exposée dans un Grand Musée et restera pleinement accessible au public, mais à l’étranger, fera donc partie de ces nombreuses œuvres d’art qui quittent la France de façon dommageable pour la culture française et le rayonnement de la France.  

Mais telle est la loi du Marché !  

Enfin, payer approximativement 150 millions d’euros alors que des doutes planent encore sur son authenticité à cause de cette sempiternelle querelle d’experts, peut-être est-ce cela qui a détourné la France d’un achat “compulsif” ?

Pas assez de garanties… ou pas assez d’argent. Qui sait ?

Force est de constater que, quoi qu’il en soit, dans ce type d’acquisition, les regards se tournent immédiatement vers les monarchies du golf persique. Rappelons que le “Salvator Mundi” attribué par de nombreux experts à Léonard de Vinci et ayant fait l’objet des mêmes réticences quant à son authenticité est considéré à ce jour comme le tableau le plus cher du monde. Avec une adjudication à 450 millions de dollars.

Mais la vérité est que personne ne sait qui est ce fameux acquéreur qui, comme dans le film “Le Parrain”, fait des offres “que l’on ne peut  refuser” !

On ne peut pas non plus faire fi de la politique actuelle de la Chine où des musées ouvrent à tour de bras (il va bien falloir les remplir) et où des milliardaires chinois dépensent sans compter ni des américains alors…

Pour l’instant, le secret reste intact !

Ceci dit, si vous êtes chercheurs de trésors et amateurs d’art, sachez qu’Il se dit dans les milieux autorisés que de nombreux Caravage resteraient à découvrir dans la région du Sud-Ouest, région où l’Artiste a vécu.

Alors, on ne sait jamais ; on n’est pas à l’abri de la découverte inopinée d’un chef-d’œuvre.

Tous à vos Greniers !