“Vivez si m’en croyez // N’attendez à demain // Cueillez dès aujourd’huy // Les roses de la vie.” C’est ainsi que Pierre de Ronsard nous appelait en 1578, dans les Sonnets pour Hélène, à profiter de la vie. Était-ce prémonitoire ou juste un courant de pensée, L’Épicurisme, qui nous offrait le fruit de sa réflexion ? Il est vrai que j’aime à me souvenir de de cet épicurisme triomphant tendant à se pencher délibérément vers la jouissance de l’instant présent, le fameux “carpe diem”.

 Comment, dans le contexte délétère actuel, ne pas être saisi par l’urgence qu’il y a à vivre de façon intense et vraie ? Right here, right now ! Mais, lorsque nous serons déconfinés, dans 15 jours, un mois, deux mois ou plus (qui sait ?), il ne faudra pas oublier, qu’il est urgent :

❤️ de vivre et d’explorer la vie dans toute ses aspérités.

❤️ de s’autoriser à emprunter les chemins de traverse et à mettre à bas nombre d’interdits que notre éducation et notre société judéo-chrétienne nous a inculqués.

❤️ de se délester de toutes nos fausses envies, de notre matérialisme galopant qui nous a été inoculé par les années 80, la pub et le culte du “toujours plus”.

❤️ de profiter, sine die, des siens, de les aimer, de leur faire savoir, de s’en soucier, de les gâter par notre présence rassurante et notre simplicité bienveillante.

❤️ de s’occuper de soi : de son corps certes, mais aussi de son âme. D’innover, créer, sublimer ses talents. Se mettre à la photographie, au dessin, au jardinage, au bricolage ou que sais-je apprendre l’araméen, l’hébreu moderne ou l’étude des religions…

❤️ de se rendre utile et ça, croyez-moi, c’est un défi car l’exercice d’une profession, en lui-même, ne présume pas de l’utilité de chacun dans une société quoique. Aujourd’hui, nous devons constater que les aides-soignants, les infirmiers, les ambulanciers, les urgentistes et les médecins des hôpitaux publics ne sont pas considérés et rémunérés à la hauteur de leur utilité.

❤️ d’établir une doctrine selon laquelle : à chacun selon son utilité et non “à chacun selon ses besoins” comme disait Karl Marx.

❤️ que chacun de nous se mette à repenser son système de vie en fonction de la précarité de la vie. Un petit rien et nous sommes tous apeurés et démunis. Un petit virus de rien et nous sommes tous désœuvrés.

Et parce que, comme tout le monde, je suis confinée dans mon appartement et que je tourne en rond sans cesse, rôde dans ma tête cette chanson de Julien Clerc dont j’aimerai partager avec vous les paroles écrites par l’excellent Étienne Roda Gil :

“À quoi sert une chanson si elle est désarmée ?
Me disaient des Chiliens, bras ouverts, poings serrés
Comme une langue ancienne
Qu’on voulait massacrer
Je veux être utile
À vivre et à chanter…”

Alors, force est de constater qu’il est urgent de s’affranchir des codes et de recréer, tous ensemble, pour les siècles à venir, une matrice novatrice et protectrice basée sur l’humain, le sain, le vrai, l’utile !

L’Homme 2.0 est mort ! Vive l’Homme 2020.