Jusqu’à quand sera-t-on obligée de célébrer le 8 mars ? Quand nous pourrons affirmer avoir atteint l’égalité des sexes ! Instituée en 1977 par l’ONU, la Journée internationale des droits des femmes nous rappelle que les inégalités hommes-femmes sont toujours d’actualité. En dépit de certains progrès, la communauté internationale s’accorde à reconnaître que la situation de la plupart des femmes et des filles dans le monde évolue extrêmement lentement. Alors le 8 mars 2020 ?  “Je suis de la Génération Égalité : Levez-vous pour les droits des femmes” tel est le thème choisi par l’ONU cette année. Les droits ? Sur le papier, on les a, du moins en France, en Europe, outre-Atlantique… mais dans les faits. On est loin du compte ! Aucun pays n’est en mesure, à ce jour, d’affirmer avoir atteint l’égalité des sexes.

MeToo, le # qui a brisé la loi du silence

Dans le sillage de l’affaire Weinstein, en octobre 2017, l’actrice Alyssa Milano relance le hashtag #MeToo créé dix ans plus tôt par la militante féministe américaine Tarana Burke. Libérant la parole des victimes d’agressions et de harcèlements sexuels #MeToo a rapidement pris une dimension virale sur les réseaux sociaux. Et le 15 octobre 2017, il est partagé plus de 12 millions de fois. On assiste à ce que certains vont appeler “une rupture historique majeure” dans la révolution féministe contemporaine. Sa version francophone #balancetonporc appelle à briser l’omerta et rapporte des témoignages allant du sexisme quotidien au harcèlement de rue aux agressions sexuelles. Il y a un avant et un après #MeToo. Et nous sommes dans l’après !

Les droits des femmes s’invitent aux César 2020

“Une moitié de l’espèce humaine est hors de l’égalité, il faut l’y faire rentrer : donner pour contrepoids au droit de l’homme le droit de la femme.” Victor Hugo, Actes et Paroles (1875-1876). C’est sur ces mots qui près de 150 ans plus tard résonnent avec la même gravité, que Sandrine Kimberlain, a ouvert la 45ème cérémonie des César. Un très beau discours engagé qui a fait entrer Salle Pleyel les enjeux de taille auxquels notre société est confrontée : parité, diversité, affaires d’abus sexuels. Au cœur de la tempête, J’accuse de Roman Polanski nommé 12 fois au César 2020, alors que le réalisateur accusé de viol et d’agressions sexuelles par douze femmes, est sous le coup d’une nouvelle accusation de viol fin 2019. “La honte”, c’est le mot qu’a lâché Adèle Haenel, en quittant la cérémonie à l’annonce du César du meilleur réalisateur attribué Polanski. “Distinguer Polanski, c’est cracher au visage de toutes les victimes”, avait-elle déclaré quelques jours plus tôt dans une interview au New York Times. Ça veut dire : “ce n’est pas si grave de violer des femmes.” Et bien non, le principe de séparation entre l’œuvre et l’artiste ne peut plus s’appliquer ! 

Des stéréotypes sexistes qui en disent long

Les résultats de l’enquête menée par l’association Mémoire traumatique et victimologie avec l’institut Ipsos en 2019 est édifiante. 

  • 27 % des personnes interrogées estiment que l’auteur d’un viol était moins responsable si la victime portait une tenue sexy.
  • 18 % pensent qu’une femme peut prendre du plaisir à être forcée (contre 21 % en 2016).
  • 17 % croient que “non” veut en fait dire “oui” (19 % en 2016).
  • 30 % estiment même (27 % en 2016) qu’il n’y a pas violence sexuelle si la victime ne réagit pas.
  • 37 % pensent que les victimes accusent à tort par déception amoureuse ou pour se venger (32 % en 2016).
  • 57 % pensent qu’un homme a plus de mal qu’une femme à maîtriser ses désirs sexuels (63 % en 2016). Albert Camus disait : “un homme, ça s’empêche”.

Qui se ressemble s’assemble : CAC 40, SBF 120 : où sont les femmes ?

Depuis qu’Isabelle Kocher s’est faite débarquer d’Engie, début février, plus aucune femme ne siège à la tête d’une entreprise du CAC 40.  Et ce n’est pas beaucoup mieux dans le SBF 120, qui regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse. Les femmes dirigeantes y sont à peine une dizaine. Une anomalie qui s’explique. Ces entreprises sont majoritairement dirigées par des hommes qui, en période de recrutement, se tournent (le plus souvent) vers des hommes pour pourvoir ces postes. Par ailleurs, les comités exécutifs, véritables antichambres du pouvoir, comptent moins d’une femme sur cinq. Et celles qui y parviennent sont souvent cantonnées à des missions annexes comme la communication, les ressources humaines ou les responsabilités sociétales de l’entreprise.

L’égalité salariale, c’est pour quand ?

“À partir du mardi 5 novembre 2019, à 16 h 47, les Françaises travailleront… pour des prunes”, pouvait-on lire dans la newsletter des Glorieuses, site d’information féministe. Selon l’Office européen de statistiques Eurostat, le salaire horaire brut moyen des femmes en France est de 15,4 % inférieur à celui des hommes. L’écart est très variable selon les pays. L’écart salarial (horaire) entre les sexes culmine ainsi à 25,6 % en Estonie et 21 % en Allemagne, contre 5 % seulement au Luxembourg. Les femmes travaillent plus et gagnent moins, avec des perspectives plus limitées.

Je suis une femme, et pour moi c’est tous les jours le 8 mars