Lundi 25 novembre, réveil en sursaut. Cette nuit, j’ai rêvé que je circulais voilée en trottinette et que je déposais mon amie, adepte de la GPA éthique à l’hôpital. L’hôpital était en grève. Une infirmière me disait que “Trop, c’est trop !”. Qu’il leur fallait des moyens et de la considération. J’approuvais.

Elle a aussi dit à mon amie de revenir dans quelques mois car pour l’instant, seule la PMA allait être légalisée mais que cela ne saurait tarder pour la GPA et bientôt, “elle pourrait se commander un bébé parfait, fort, intelligent blond aux yeux bleus” si elle voulait…
Ah non ! Je confonds tout ! Ça c’est l’eugénisme et ça viendra plus tard.

Juste après, je me faisais arrêter par des policiers déconsidérés eux aussi et exaspérés par le nombre d’heures de travail effectuées et non payées parce que c’est interdit de rouler à deux sur une trottinette !

En plus, j’avais un casque sur les oreilles, ce qui est aussi interdit et j’écoutais le nouvel album de Johnny Halliday avec un orchestre philarmonique. Ça envoie ! On se “ressemble cent pour cent” chantait Johnny.

C’est son fils David qui lui avait écrit cette chanson. Euuuh ! Non, pas tant que ça. Si tu lui ressemblais, tu l’aurais peut-être pas déshérité ton fils, non ?

Et hop, une amende de 35€ et un sérieux rappel à l’ordre. Certes, je peux me garer sur les trottoirs mais pas n’importe comment. Ah bon !

Fourbue, je rentre à la maison et là, j’entends ma voisine hurler sous les coups de son conjoint. J’appelle le 3919 et la police en urgence qui me dit que, “pas de panique”, ça fait déjà 137  féminicides au compteur depuis le début de l’année et “qu’on ne peut pas être partout, tout le temps”.( source: Les bénévoles de la page Facebook “Féminicides par compagnons ou ex”) 

J’en parle à une amie qui m’interpelle sur le fait que, malgré le Grenelle Contre Les Violences Faites Aux Femmes inauguré à Paris le 4 septembre 2019, aucune solution n’a véritablement été mise en pratique. On attend qu’il y ait pléthore de morts pour imposer à ces conjoints violents des bracelets électroniques et de véritables mesures de rétorsion.

Là-dessus, je redescends pour poster mes diverses charges et taxes qui pèsent lourd sur le budget (au fait, ne devait-on pas les alléger ?) et j’aperçois, en bas de chez moi, Bertrand Cantat, leader charismatique du Groupe Noir Désir, condamné à huit ans de prisons à Vilnius pour avoir tué sa compagne Marie Trintignant.

Alors que je l’interpelle sur la façon dont se passait sa réinsertion, parce que l’on a tous droit à une deuxième chance (n’est-ce pas ?), il me dit que “malheureusement, il ne pourra pas remonter sur scène en 2020 près de Bordeaux pour son projet de spectacle alliant littérature et musique avec le romancier Caryl Ferey et ce, à cause d’une censure qui ne dit pas son nom et de pressions subies par la salle”.

J’étais désolée pour lui mais, en même temps, je pensais à Marie Trintignant, à ses parents, ses amis et aux autres femmes.
Huit ans dont quatre purgés, c’est pas beaucoup… C’est moins que pour un délit financier…

Là, je remonte à la maison dépitée. Je mets la télé pour me détendre. Je vois Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargé(e) de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, qui nous assène toujours la même rengaine: les 50 mesures du Grenelle vont tomber. Elle est à l’antenne mais elle ne peut pas parler. C’est Edouard Philippe qui doit les annoncer. Oui mais on a manifesté le 24 novembre. Des femmes, des hommes, des transgenres. À l’appel du collectif #NousToutes et de sa marche organisée contre les violences sexistes, sexuelles et féminicides. En première ligne: Murielle Robin, Alexandra Lamy, Laeticia Casta, Adèle Haenel qui ont mené la marche pour crier plus fort que jamais, et s’exprimer pour celles qui ne peuvent plus parler, assassinées parce qu’elles étaient des femmes.

Merde, j’ai oublié d’y aller…
Moi, je n’ai pas le souvenir d’avoir été harcelée…
Malheureusement !?! 🙃 Non, je rigole ! On peut encore rigoler non ?
J’ai décidé de ne pas y aller. Vous savez pourquoi?
Une terreur s’est emparée de moi : qu’allais-je me mettre ? Un voile ou pas ? Etait-ce religieux, culturel ou politique ?
Une manif? Est-ce un peu comme une sortie scolaire ?

En sueur. À bout de souffle !
Je me réveille…
Je me rends compte que je rêvais ou plutôt je “cauchemardais”.
Ouf ! Soulagée ! Je débranche…  J’Y ÉTAIS !