L’annonce de l’arrivée chez Balenciaga de Demna Gvasalia en avait laissé perplexe plus d’un. Et pourtant, dès son premier défilé en 2016, le géorgien de 34 ans faisait l’unanimité. Tout simplement. En réinterprétant ou plus exactement en ré-imaginant le travail de Monsieur Cristóbal Balenciaga. Résultat : un vestiaire d’un réalisme et d’une élégance absolus, empreint de l’esprit haute couture du fondateur de la Maison. Volumes radicaux et constructions osées sont sa signature. Cette saison encore, Demna nous livre des pièces empreintes d’une absolue modernité. Chic & Furious craque !

“Dans un monde où les marques sont tellement nombreuses, je ne crois pas que les designers puissent encore vraiment lancer des modes, dicter les règles. Les vraies créatrices aujourd’hui, ce sont les femmes qui achètent les vêtements et les portent à leur façon. Alors tout ce qu’on peut faire, c’est proposer des pièces singulières et croiser les doigts pour qu’à l’arrivée, elles deviennent des pièces de mode…”

Couturier, créateur, artiste ?
Gvasalia se définit plutôt comme un “dressmaker” réaliste.

❌Il applique la même méthode, en début de saison.“Je dresse une liste, ce n’est pas très poétique. L’inventaire de la garde-robe à construire. Manteau double boutonnage, veste masculine, trench militaire, que sais-je. À partir de quoi on réfléchit en équipe au moyen de détourner ces pièces de base, de les amener vers un nouveau concept créatif.”
❌Il fait appel à un sociologue qui l’aide à appréhender la réception et les rapports sociaux des pièces qu’il souhaite créer.
❌Il ne dessine pas, préférant concevoir chaque vêtement “comme une sculpture”. 
❌Il s’inspire des créations précédentes de Monsieur Balenciaga, non seulement dans un sens purement esthétique, mais il essaie surtout de comprendre quels rapports et visions avait le fondateur de la mode et notamment du rapport aux vêtements féminins. Il tire son inspiration de milieux inexplorés tels que les phénomènes internet, qu’il s’est amusé, comme on le sait, à apposer sur des Crocs et puise dans les archives de diverses marques divers éléments qu’il réunit sur la désormais célèbre Triple S. On ressent de plus une forte influence du streetwear et du sportwear dans ses créations, car la mode est pour lui encore une fois le reflet de notre société et de ce que l’on peut voir dans la rue. Il s’illustre cependant aussi dans la réinvention de pièces de costumes proposant un vestiaire à la fois coloré et institutionnel.
❌Il insiste sur le fait que ses créations sont ancrées dans le réel, immédiatement portables. Avec Gvasalia, ce qui défile est ensuite vendu tel quel. Volumes extrêmes, hanches exagérées et épaules à la limite du format quarterback… Pourtant la femme Balenciaga existe bel et bien, la preuve !

Le choix de Chic & Furious

Silhouette sablier emblématique de Balenciaga, manteau Hourglass Double Boutonnage en laine vierge bleue, jaune et verte à carreaux. Se décline en noir. 2’450 €

 

Balenciaga revisite ses emblématiques bottines Knife dans une version frangée, dont le bout très pointu contraste avec la forme carrée de son talon. 995€

“Pour moi, la mode est un miroir, une réflexion sur ce qui se passe autour de nous. Cela se manifeste dans les collections. Le quotidien, c’est ce qui parle aux gens, la vie de tous les jours. Ce sont les archives Balenciaga transposées des années 50 à aujourd’hui, adaptées à 2019, au futur…”.

 

Photos courtesy of Balenciaga